Livelihoods Venture à la COP14 :
4 questions à Bernard Giraud sur la restauration des sols

Bernard Giraud, Co-Fondateur et Président de Livelihoods Venture a été invité à participer aux discussions de haut niveau de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification, lors de la COP14 qui se tiendra à New Delhi, en Inde, du 2 au 13 septembre. Pourquoi la qualité des terres est-elle un enjeu planétaire ? Quel rôle doit jouer le secteur privé et quelles solutions peut-il apporter pour arrêter la dégradation des sols ? Bernard Giraud fera part de l’expérience Livelihoods Venture et présentera des solutions concrètes pour préserver la qualité des terres, augmenter la capacité des sols à capturer du carbone et augmenter la sécurité alimentaire.

1. Pourquoi les projecteurs sont-ils tournés sur la qualité des terres ?

“ Les terres sont le fondement de toute agriculture. Un sol bien structuré, enrichi de matières organiques est non seulement fertile, mais il capture aussi du carbone et améliore le cycle de l’eau. A l’inverse, des pratiques agricoles intensives qui extraient de la matière organique à chaque récolte, la déforestation massive des terres et la pression des sols causée par des pratiques d’élevage peu efficaces génèrent une dégradation des sols ainsi qu’un niveau de désertification élevé dans des zones de plus en plus élargies dans le monde. Par ces pratiques, nous détruisons les ressources naturelles qui nourrissent une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants en 2050. Si les sols perdent en fertilité, nous aurons besoin d’une plus grande quantité de terres qui devront répondre aux besoins humains, aux dépens des écosystèmes naturels restants, qui subissent pourtant déjà une pression de taille. Le dernier rapport du GIEC sur le Changement Climatique et les Terres émergées fait le point sur les challenges auxquels nous devons faire face ainsi que les liens étroits qui existent entre dégradation des terres, production alimentaire, l’utilisation des ressources naturelles et le changement climatique. »

*GIEC : Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur le Changement du Climat est une organisation mise en place par l’Organisation Météorologique Mondiale et le Programme pour l’Environnement des Nations Unies pour expertiser l’information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l’homme.

Bernard Giraud, Président et Co-fondateur de Livelihoods Venture

2. Quels enseignements retirez-vous de vos 10 années d’expérience avec les Fonds Livelihoods ?

“ Les Fonds Livelihoods investissent dans des projets de restauration des sols et des écosystèmes à grande échelle, ainsi que des projets de reforestation et de modèles agricoles qui défendent un bon équilibre entre productivité et durabilité. Notre expérience nous montre que les agriculteurs sont des acteurs clés du changement, que cela soit de manière positive ou négative. Aussi, la motivation de ces agriculteurs est principalement fondée sur leurs attentes d’un meilleur revenu et des moyens de subsistance améliorés pour leurs familles. Par conséquent, mettre en place des solutions de restauration des sols qui reposent sur un changement profond des pratiques agricoles ne sera efficace à échelle uniquement si les agriculteurs y voient le bénéfice de cette transition. Les mesures économiques, sociales et écologiques de cette transformation des pratiques agricoles sont indissociables. Elles doivent être définies et mises en place simultanément. Un autre enseignement clé est qu’il est nécessaire que les gouvernements, le secteur privé et la société civile joignent leurs forces. Non seulement au niveau décisionnel, mais également, pour créer des coalitions d’acteurs qui s’engagent à mettre en place et accélérer la transition dans ces domaines ainsi qu’au niveau des chaines de production.»

ARAKU VALLEY, INDE: planter des arbres pour favoriser une alimentation de qualité, la protection de la biodiversité et la croissance économique

MONT ELGON, KENYA: un modèle agricole fondé sur l’agro-foresterie pour la production de produits laitiers, la sécurité alimentaire ainsi que la préservation de la biodiversité

3. Quel rôle le secteur privé doit-il jouer ?

“Les pratiques agricoles et l’utilisation des sols dépendent directement des besoins alimentaires ainsi que de l’utilisation des matières premières. Les entreprises de toute taille qui achètent, transforment et commercialisent des produits issus du secteur agricole se doivent de jouer un rôle central en soutenant un modèle « d’agriculture régénérative » en amont dans leurs chaines d’approvisionnement. Par « régénérative » nous voulons dire des pratiques agricoles qui augmentent les matières organiques et les micro-organismes dans les sols, qui contribuent à stocker du carbone, à réduire l’érosion des sols et à réapprovisionner les ressources en eau souterraines. De plus en plus d’entreprises se rendent compte que le temps des « commodities »* qui repose sur la commercialisation de matières premières sans en connaitre l’origine, les impacts environnementaux ou sociaux est révolu. Les avancées technologiques sur la traçabilité permettent d’assurer la reconnexion des chaines d’approvisionnement. Par exemple, les entreprises qui investissent dans les Fonds Livelihoods soutiennent des groupes d’agriculteurs identifiés, impliqués dans un modèle d’agriculture régénérative, et ils s’engagent à s’approvisionner auprès des fermes de ces agriculteurs sur le long terme.

Bien sûr, cette transformation est également régie par les changements des comportements alimentaires ainsi qu’un nombre croissant de consommateurs qui demandent des produits plus sains mais aussi plus écologiques. Les organisations de la société civile ainsi que les autorités publiques joignent leurs forces : les premières, par l’intermédiaire de revendications, les secondes en définissant des politiques et des normes réglementaires pour encadrer la transition du secteur. »

4. Quelles initiatives majeures pourraient aider à inverser la tendance actuelle sur la dégradation des terres ?

« Pour accélérer le changement à échelle dans la gestion des sols, il est nécessaire d’affecter une valeur au sol. Aujourd’hui, un des chainons manquants est un marché au ratio sol – carbone qui valoriserait les efforts des fermiers se préoccupant de la santé des sols. 58% de la matière organique des sols est constitué de carbone, ce qui veut dire que l’agriculture peut jouer un rôle clé (qu’il soit positif ou négatif) sur le changement climatique selon si les pratiques agricoles permettent de stocker ou de relâcher du carbone. Il existe de plus en plus de méthodologies reconnues et des standards internationaux à disposition qui permettent d’examiner et de certifier la quantité de carbone dans les sols. Un prix carbone et un marché carbone dédiés aideraient les fermiers à réussir leur transition vers une agriculture durable et plus compétitive. Au lieu d’investir des sommes élevées d’argent public dans des fertilisants qui ont une forte empreinte carbone (tels que les engrais chimiques ou les pesticides), les gouvernements pourraient verser des subventions aux fermiers qui pratiquent l’agriculture régénérative et superviser ces pratiques grâce à des méthodes à travers des méthodes de calcul de la quantité de carbone stockée dans les sols. Au niveau du commerce international, monétiser le carbone du sol représenterait un avantage compétitif de taille pour les produits originaires d’une agriculture régénérative et à l’inverse pourrait pénaliser des produits émanant de pratiques agricoles intensives. Nous avons du chemin à faire en ce sens mais ce marché innovant représente un levier majeur pour engager un changement systémique. »

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